Aller à la rencontre de la jeunesse du 20e arrondissement, tel est l’objectif de cette série de portraits réalisée au Foyer de jeunes travailleurs (FJT) Les Hauts de Belleville, rue du Borrégo. Parmi les 87 résidentes et résidents, Clément, 20 ans, nous a ouvert la porte de son studio.
La force tranquille. Derrière son sourire et sa grande aisance à l’oral, Clément en a pourtant bavé. Mais ce n’est jamais ce qu’il retient. En éternel optimiste, il va toujours de l’avant. Né en 2003, dans le 15e arrondissement de Paris, Clément a été élevé principalement par sa mère. Ses parents divorcent quand il a 7 ans, sa mère déclare un cancer l’année de ses 9 ans, puis son père – en proie aux addictions – décède quand il a 12 ans.
Dans cet enchaînement dramatique, un miracle survient. Sa mère, qui se pensait condamnée par un cancer du sein, malgré son jeune âge (39 ans), parvient à s’en sortir. Elle est aujourd’hui guérie. La voir s’accrocher, se battre, tout en s’occupant de ses deux enfants (Clément a une grande sœur) est pour lui source d’admiration. “Je l’idolâtre beaucoup”, confie-t-il.
Dès son année de première, Clément est contraint de travailler dans un fast-food de Rosny-sous-Bois pour subvenir à ses besoins. Il parvient à décrocher son bac et à rejoindre un cursus en art, avant de se rendre compte que là n’est pas sa vocation. Car, entre-temps, il s’est fait une bande de copains, issue d’un centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de son quartier. De plus en plus intéressé par le social, il demande à y faire un stage.
Son projet pro désormais, c’est de décrocher d’abord un diplôme d’éducateur spécialisé, puis d’en passer un second pour pouvoir gérer une structure. Mais comment financer ses études quand on n’est pas aidé par sa famille ? Pendant un an, Clément va multiplier les petits boulots de livreur de sushis, ou pour une blanchisserie, jusqu’à finir comme réceptionniste de nuit, en CDI, dans un hôtel dans le chic 16e arrondissement. De quoi renflouer les caisses, et trouver son tout premier logement en foyer, dans le 20e. Un arrondissement auquel il s’attache, le trouvant beaucoup plus ouvert, solidaire et cosmopolite.
Une fois stabilisé, il peut alors reprendre ses études. Actuellement en alternance au sein de l’association Espoir CFDJ (rue de la Duys, dans le 20e), il intervient auprès de mineurs non accompagnés, tente de vaincre leur isolement. Une façon d’aider encore moins chanceux que lui. Et pour nous, de repartir de son studio en le trouvant formidable.
Photos : les clichés sont signées Gaëlle Guse, une photographe spécialisée dans le portrait, qui vit dans le 20e arrondissement de Paris.
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