Aller à la rencontre de la jeunesse du 20e arrondissement, tel est l’objectif de cette série de portraits réalisée au Foyer de jeunes travailleurs (FJT) Les hauts de Belleville, rue du Borrégo. Parmi les 87 résidentes et résidents, Héliana, 20 ans, nous a ouvert la porte de son studio.
“Papillon”, c’est le surnom qui accompagne Héliana depuis son enfance passée sur l’île de la Réunion. Là-bas, une chanson populaire raconte que le papillon en revient toujours à la lumière, à sa famille, à son chez-soi. Et cela lui parle tant – cette idée de revenir un jour près des siens -, qu’Héliana a fait tatouer un gracieux lépidoptère à l’intérieur de son poignet gauche.
À écouter son récit, la Métropole apparaît comme une escale longue durée, une étape nécessaire à sa vie d’étudiante. Lui offrant des perspectives d’études plus larges que dans l’Océan indien, elle qui souhaite travailler dans le social et devenir assistante sociale. En août 2022, elle quitte donc “Les Hauts” (de l’île), sa communauté, et ses parents, qui exercent là-bas comme maraîcher et employée de supermarché. Direction l’Université Paris Rives de Seine.
Il faut l’entendre raconter son arrivée à Paris, de façon tellement cocasse qu’on se croirait dans un one-woman-show : la rentrée loupée de quelques jours, les galères de RER, l’appartement de son oncle à Massy-Palaiseau… “J’avais entendu parler de l’expression métro-boulot-dodo, et en trois semaines ici, je me suis rendue compte que c’était pas une blague. Ainsi était devenue ma vie”, se souvient-elle.
Fini la mer à 15 minutes, la nature tout autour et les grandes réunions de famille chaque week-end. Mais dans ce dépaysement elle a quand même été gâtée au tirage. Envoyée pour un stage à la MJC Les Hauts de Belleville, elle décroche un logement dans le foyer de jeunes travailleurs attenant, lui épargnant de longs trajets en banlieue. De quoi appréhender aussi les bons côtés de la vie parisienne, et l’esprit de communauté.
En parallèle de ses études et des ses stages (actuellement à la direction de la solidarité de la ville de Paris), cette future travailleuse sociale – que certains la MJC surnomment “Mère Teresa”- se met à apprécier son quotidien dans le 20e arrondissement. “C’est calme pour Paris, et moi qui ai grandi à la campagne, je m’y retrouve. Au fil du temps, j’ai mes petites habitudes, j’aime aller boire un verre à La Chope à Saint-Fargeau, par exemple. Ici, je me suis créé mon petit cocon”. Après tout, quoi de plus normal pour un papillon ?
Photos : les clichés sont signées Gaëlle Guse, une photographe spécialisée dans le portrait, qui vit dans le 20e arrondissement de Paris.
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