Situé le long du périphérique, ce marché non-alimentaire attire plusieurs milliers d’habitués et de curieux chaque semaine, contents d’y trouver toutes sortes d’objets à prix cassés. Un temps menacé par le plan de réaménagement de la Porte de Montreuil, le marché aux puces va pouvoir se poursuivre, en plein air.  

Acheter des fripes sans se ruiner ? Nos ancêtres le faisaient déjà. Les puces de Montreuil sont installées depuis 1860 sur l’avenue du professeur André Lemierre dans le 20e arrondissement de Paris. Ouvert du samedi au lundi, ce marché est l’un des plus anciens de Paris et compte parmi les trois plus grands marchés aux puces, avec celui de la Porte de Vanves dans le 14e arrondissement et celui de Saint Ouen, qui est le plus grand. 

Les marchés aux puces avaient pour but de fournir à la population la plus pauvre de quoi se vêtir, mais il s’agissait de vêtements de seconde main, usés, souvent sales et passés de mode… D’où l’origine du nom “de puces” : certains devaient contenir ces petites bestioles. Alors que le prêt-à-porter n’existait pas encore, ces marchés sont apparus alors que la pauvreté était en progression à Paris (pour cause de croissance démographique et d’exode rural), ce qui a, de fait, augmenté la demande du marché du textile dans la capitale.  

Si le nom de “puces” a perduré, on peut aujourd’hui y trouver une plus grande variété d’objets. Certes, des montagnes de vêtements de toutes marques s’entassent, et il y en a pour toutes les bourses ! Vous trouverez des t-shirts de toutes les tailles à partir de 1 €, mais aussi des Converses à 15 €, en passant par des maillots de bain de toutes les couleurs. Mais ce n’est pas tout, il est possible de trouver presque tout ce que vous cherchez (et même plus) : outils pour les travaux à 5 €, bijoux, et aussi des peintures d’artistes locaux pour quelques dizaines d’euros. De nos jours, les puces de Montreuil sont principalement connues pour leurs vêtements, et deviennent le point de repère des amateurs de “fripe”. 

Salim, pucier depuis 40 ans connaît bien le marché et son histoire. Lui qui venait avec ses parents – exposants déjà – voit toujours les mêmes familles venir et grandir avec lui. Il nous décrit un marché en perte d’attractivité : “Les puces de Montreuil subissent une perte de fréquentation depuis le COVID et la crise qui en a suivi. Les clients dépensent moins, là où ils pouvaient acheter cinq ou six t-shirts, ils vont prendre un seul ou deux articles”. “La concurrence d’internet fait que les clients vont moins aux puces de Montreuil. Les puciers sont obligés de casser les prix et ne font plus aucune marge… cela en met certains dans des conditions précaires”, confie Nadia, une autre pucière qui se veut quand  même optimiste sur l’avenir du marché. 

Un temps menacé, le marché a échappé à un plan de réaménagement de la porte de Montreuil en 2023. Dans ce projet, les puces historiques devaient être déplacées dans des halles fermées au sein d’un centre commercial prévu pour octobre 2026. Mais ce nouvel emplacement inquiétait les commerçants car le nombre d’emplacements disponibles devait être bien inférieur au nombre actuel. Le projet a finalement été abandonné suite à un accord en juillet 2023 entre les différents groupes politiques au Conseil de Paris.

“Nous sommes tous très contents […], nous restons en plein air”, se félicitait alors Djamel Zidani, président du syndicat des commerçants. Salim fait part de sa joie quand il a appris que le marché aux puces ne bougeait pas : “Ce plan de réaménagement aurait pu marquer la fin de ma carrière de pucier, et je n’ai pas d’autres marchés où aller. L’accord trouvé nous a tous soulagés en tant que commerçants. On espère que les puces vont durer encore longtemps pour que les quelque 400 puciers continuent de prospérer”. 

Alexis Pouillard

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