Émouvant témoignage que celui de l’écrivaine Régine Robin, qui se plonge dans ses souvenirs d’enfant, dans les années 50 à Ménilmontant.
Elle fait partie des auteurs (avec Maylis de Kerangal, Aurélien Bellanger, Alice Zeniter…) de la série de courts-métrages documentaire le “Grand Paris des Écrivains”. Chacun a choisi un quartier, une zone, un lieu du Grand Paris, avant d’écrire le texte de son choix. Objectif : offrir des instantanés du Grand Paris d’aujourd’hui et dessiner le portrait d’une ville en mutation.
Elle écrit : “Comment rendre compte d’un quartier perdu dont il ne reste à peu près rien ? Ce n’est pas simplement le travail du temps, de la vie qui est passée, ce n’est pas seulement le cours des ans qui bouleverse toute chose, c’est qu’il a été massacré. Pas de bombardement, mais la restructuration de Paris à la fin des années 50. Ce coin de Belleville-Ménilmontant entre la rue Julien-Lacroix et la rue des Couronnes entre la rue de Ménilmontant et la rue de la Mare, devint sous la plume des technocrates du temps et des démolisseurs, l’ïlot insalubre numéro 7.
Nous habitions au 18 Passage Ronce. Ne le cherchez pas en vous promenant dans le quartier, ou en scrutant un plan du 20e arrondissement, même son tracé n’existe plus. On peut voir sur un mur adjacent à l’école de garçons de la rue Julien-Lacroix, une tâche un peu plus claire que l’ensemble de la paroi. C’est la trace de la plaque qui annonçait le Passage (…) Tout cela peut paraître nostalgique, lointain. Ces lendemains de la guerre portaient notre espérance et dans ce quartier considéré comme un taudis, insalubre, à démolir, nous réapprenions à vivre et nous étions heureux.”
🎥 Un film réalisé par @stefan_cornic, produit par Année Zéro et le Pavillon de l’Arsenal, avec le soutien de @Liberation. À voir sur le site @pavillonarsenal. https://www.pavillon-arsenal.com/fr/actualite/le-grand-paris-des-ecrivains/11898-regine-robin.html