Dans le 20e arrondissement, comme ailleurs, dessinateurs et photographes documentent – avec brio – cette période bien particulière qu’est notre mise en quarantaine. Un quotidien bouleversé et confiné qui fait (aussi) naître de nouveaux procédés créatifs.
PRENDRE SES VOISINS EN PHOTO. En cette période de confinement, le photographe Vincent Tchydemian, aka @Tchy75, a décidé de travailler depuis sa fenêtre. Il y prend en photo les passants, aperçus en bas de chez lui, et qui sont – bien évidemment – volontaires. Si vous faites partie du voisinage, et que vous passez près de chez lui, lors d’un footing, sur le chemin des courses, ou en sortant le chien, n’hésitez pas à l’interpeller au 29, rue du Capitaine Marchal, près de la Porte de Bagnolet.
« En quelques jours, j’ai appris le prénom de plein de personne du quartier et du coup maintenant quand je suis a ma fenêtre, je les salue et on se prend des nouvelles de chacun. Même s’il faut garder nos distances, j’invite chacun à rencontrer ses voisins, vu que tout le monde est chez soi et disponible. Juste un bonjour, comment vous allez, ça redonne une vraie vie de quartier”, raconte-t-il. Retrouvez « Passing By » son album des portraits du voisinage sur sa page Facebook :
https://www.facebook.com/vincent.tchy/media_set?set=a.10207506517336380&type=3
PRENDRE LES PASSANTS EN PHOTO. Habituellement spécialisée dans les photos de famille (mariage, naissance, portraits…), Fanny Ritz passe ses journées à la fenêtre à guetter le passage de riverains, rue Sorbier. Des images prises sur le vif, puis mises en ligne sur un second compte dédié à cette série : @fannyritzphotos. Sachez qu’elles sont aussi disponibles à la vente, afin d’essayer de pallier à la perte d’activité due au confinement.
Légende du cliché : “Confinement, jour 3. Alors que la douceur du printemps aide le moral, cette photo m’a marquée à coup de frissons. Elle représente pour moi le soutien, la solidarité qu’on doit mettre en place, le courage. On va y arriver, du moins j’espère. Ce couple de personnes pas toutes jeunes, dans ce rayon de soleil, avec leurs quelques courses, et se tenant ainsi par les épaules, avant d’arriver dans la zone d’ombre. Une épreuve à passer. Certains sont deux, soutenez-vous. Un grand soutien par la pensée à tous ceux pour qui la situation est difficile : solitude, entassement à plusieurs dans des minis apparts, enfants ou parents en difficultés… Soyons tous ensemble !”
LE CONFINEMENT EN PHOTO. Ce n’est facile pour personne de se retrouver enfermé, et pour certains – notamment les photographes – il est bien compliqué de continuer à travailler. Habitant le 20e arrondissement, Rafet Bellalouna, aka @afterpstudio, a décidé d’en tirer parti, en proposant sur son compte une série de clichés, en noir et blanc, intitulée “Covid19”. On y voit ses enfants en train de lire, jouer, faire des exercices scolaires ou prendre soin des plantes.
UN JOURNAL DU CONFINEMENT. Elle dessine et met des mots sur son quotidien… qui est aussi un peu le nôtre. Confinée “là-haut sur la colline”, dans le quartier de Télégraphe, Jeanne Vanou, aka @janart81, a plus d’une corde à son arc. Violoniste et chanteuse de profession, elle est aussi peintre. Son confinement s’annonce très créatif : “Je devais faire une expo en avril. J’étais en pleine préparation, je pense que je vais crouler sous les toiles ! ”. On s’abonne vite à son compte pour suivre, au jour le jour, l’avancée son journal.
MUSÉE AU BALCON. Ce n’est pas parce les musées sont fermés, que l’art doit rester confiné. Initiée à Buenos Aires, en Argentine par @amaliaamoedo, l’idée d’exposer depuis sa fenêtre, pour les voisins et passants, est arrivée dans le 20e arrondissement. Pour ceux qui emprunteraient la rue de Bagnolet, levez les yeux à 14h au numéro 41 et vous verrez Inés Huergo – aka @huergoines – brandir une oeuvre. Cette passionnée d’art contemporain, qui travaille dans une galerie à Belleville (@galeriejocelynwolff) y expose des artistes de sa petite collection personnelle. Bravo à elle !
CHERCHER LE BEAU DANS CHAQUE DETAIL. Plus calme et moins polluée, Paris se redécouvre en cette période de confinement. Comme sur ce dessin signé Clément Gy, aka @ministere_de_la_rue_publique, qui nous donne à voir les toits parisiens depuis son appartement de la rue du Retrait. Âgé de 30 ans, cet architecte formé à l’école nationale supérieure de Paris Belleville est originaire de l’Est de la France. Arrivé à Paris il y a 10 ans, il a commencé le dessin pour ses études, puis pour son travail et aussi bien sûr pour le plaisir.
« Depuis mon arrivée à Paris, j’ai toujours aimé la grande diversité des couleurs, géométries et textures de la ville, c’est ce qui m’inspire et me nourrit pour produire ces dessins qui sont un peu comme un journal/carnet de bords. C’est une routine quotidienne que je m’impose et d’autant plus pendant le confinement. Ce qui m’intéresse c’est de raconter à travers mes dessins l’extraordinaire esthétique du banal à travers des lumières ou des points de vue que l’on oublie parfois de regarder ou de redécouvrir lorsque l’oeil s’habitue à notre environnement », explique-t-il. Un compte à suivre assurément.
LA CREATION D’UN COLLECTIF DE PHOTOGRAPHES DU 20ème. Une petite dizaine d’entre eux viennent de lancer un compte Instagram pour relayer leurs travaux : @covid2020_project. Un collectif qui réunit plusieurs photographes résidant tous dans le même coin de Paris. Avec chacun son angle, chacun sa façon de raconter son confinement.
Parmi eux, il y a Moland @fengkov, qui habite Belleville. Sa vision du confinement ? « C’est relativement intimiste, voire nombriliste. J’alterne des images du dehors en restant dans le quartier, avec des images de chez moi et je tente de raconter l’universel en partant de ma propre personne », explique-t-il. Ou encore Hervé Lequeux @rvlequeux, qui habite Ménilmontant. Ce photographe freelance, qui a couvert les révolutions en Tunisie, en Egypte et en Libye, « se plaît à photographier ce quartier populaire, et à documenter la vie des laissés-pour-compte. »