Ne manquez pas de vous rendre rue de Savies, à Ménilmontant, pour saluer deux nouvelles habitantes du 20e arrondissement. Deux jeunes filles qui semblent venues de deux périodes différentes.

 

D’un côté, un portrait qui nous rappelle les séances photos du début du 20e siècle. De l’autre, un dessin plus contemporain, qu’on verrait bien extrait d’une bande dessinée. Tous deux ont pour point commun de nous regarder, de nous dévisager avec insistance.  Signée Clément Herrmann, la première œuvre mêle peinture et collage. D’après le compte de ce jeune artiste, il s’agit de Nadia, une fillette, inspirée par la sorcière de la rue Mouffetard et autres contes de la rue Broca. “Une sorcière voulait rajeunir et devait cuisiner dans sa marmite une petite fille. Nadia échappa de peu à cette dernière”, écrit-t-il. Elle semble la seule résistante d’une photo qu’on aurait tenté d’arracher entièrement. On aime aussi l’imaginer comme enveloppée d’un nuage. 

C’est lors du confinement que Clément, 20 ans, a eu le temps de lancer ses premiers projets artistiques, de façon autodidacte, pour retranscrire ses “sentiments qui ne manquaient pas (…) pour réagir à la vie, donner de la force morale, faire sourire ou pleurer, s’épanouir et vivre.” Ses premiers portraits ont représenté des enfants de sa famille (pour rendre ses cousins et son frère contents et fiers), avant de s’élargir à d’autres personnages. Des expérimentations réussies qui lui ont donné envie de poursuivre des études d’art, et qui l’ont déjà fait travailler pour l’Unicef et le musée Carnavalet. 

La deuxième silhouette, rajoutée dans un second temps, a été réalisée par L’Empreinte Jo V, qui l’a surnommée “La Petite de Belleville”. Très présentes dans le 20e arrondissement, ses œuvres contiennent souvent un petit cœur rouge se prolongeant en larme, sur la joue de ses personnages. Né au Portugal, en 1970, ce street-artiste et photographe plébiscite également les portraits (notamment à partir de ses photos), et aime aussi créer en utilisant comme support du matériel de récup, trouvé dans la rue. 

“Il faut qu’il y ait une expression, un regard, quelque chose qui m’interpelle, il faut une poésie, une tristesse… Ou une chose qui est traduisible en français par de la nostalgie “saudade”. Ce mot vient de mes origines portugaises, c’est un état d’esprit”, expliquait-il dans une interview à Wonder Brunette. La jeune fille à droite semble, en effet, empreinte d’un certain chagrin… Allez, promis, la rentrée va bien se passer !

 

Photo : merci à Gaëlle Labarthe, insatiable photographe du quartier

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