La rencontre. Un jeudi matin de janvier au local de campagne d’Europe Ecologie Les Verts, 7 rue Sorbier. La tête de liste d’Europe Ecologie Les Verts Antoinette Guhl arrive accompagnée d’un de ses colistiers, Ludovic Tereygeol.
Mon Petit 20e : Pouvez-vous vous présenter et nous résumer votre parcours ?
Antoinette Guhl : C’est d’abord à travers ma vie professionnelle que je me suis engagée sur des projets écologiques et solidaires. J’ai notamment été directrice d’un réseau d’instituts de microfinance qui travaillaient avec l’Afrique sur des sujets environnementaux, puis directrice d’une structure d’insertion dans le recyclage et le réemploi. Un engagement qui s’est ensuite poursuivi en politique. Je me suis engagée chez les Verts le 22 avril 2002, au lendemain de l’arrivée de Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. J’ai ressenti un sentiment d’urgence à faire de la politique. Comme j’ai toujours été écolo, Europe Ecologie se présentait comme le parti portant les bonnes solutions. Je pense qu’on peut réellement changer les choses et changer le monde. Lors du dernier mandat en 2014, j’ai été élue dans le 20e, mais aussi adjointe à la maire de Paris. J’ai en charge l’économie sociale et solidaire, l’innovation sociale et l’économie circulaire. Des sujets qui façonnent le monde de demain.
Depuis quand vivez-vous dans le 20e ? Dans quel quartier précisément ?
J’y vis depuis dix ans. J’habite pas très loin de ce local justement.
Comment définiriez-vous le 20e pour des personnes qui n’y habitent pas ?
C’est un arrondissement très singulier, populaire, mixte, dans lequel on recense plus de 120 nationalités. C’est l’un des rares de Paris, où l’on a encore une vraie vie de quartier, une âme, une identité. Les petits commerces oeuvrent au lien social. C’est aussi un arrondissement engagé, solidaire, où les habitants sont capables de se mobiliser pour l’intérêt général et pour des projets collectifs.
Vos adresses fétiches dans le 20e ?
La première que j’ai envie de citer, c’est KelBonGoo!, un commerce (présent rue du Borrégo et à Saint-Blaise) qui fait de la vente directe au producteur, tout en ayant un engagement sur les coûts. C’est très intéressant d’allier la qualité des produits locaux avec des prix accessibles à tous. Autre lieu, La Ressource de Belleville qui permet le réemploi et le recyclage d’objets et de vêtements. J’aime aussi beaucoup les marchés dans le 20e, qui affichent une certaine diversité et permettent la mixité.
Quels sont selon vous les trois combats prioritaires dans le 20e ?
En premier lieu, le vivre-ensemble. On est riche de mixité dans le 20e, on doit tout faire pour la préserver et qu’elle s’exprime. Le second point, c’est la question de la végétalisation et de la propreté de l’espace public. On doit préserver et créer des espaces de respiration, car certains quartiers comme Saint-Blaise sont très très denses, et d’autres comme ceux de la Porte de Montreuil et de la Porte de Bagnolet sont parmi les plus pollués d’Europe. Enfin, je mentionnerais la question de la citoyenneté. Alors que nous sommes dans un arrondissement où les citoyens sont capables de se mobiliser, on est dans un grand déficit d’écoute des habitants. Il y a un travail à retisser pour être plus à leur écoute.
Qu’est ce qu’il manque aujourd’hui dans le 20e ?
Un espace public apaisé. Il faut récupérer un maximum d’espace en sous-sol pour le stationnement des véhicules, afin de libérer de l’espace en surface. On pourra y mettre des potagers, des espaces de respiration, des bancs publics…
Les pouvoirs d’un maire d’arrondissement suffisent-ils réellement pour peser sur la vie des habitants ?
Sans doute que non. Le maire imprime sa manière de faire, d’écouter les habitants, de concerter et participe avec l’Hôtel de ville à la prise de décision. Mais ce n’est pas suffisant. Il y a une nécessité de redonner des pouvoirs aux maires d’arrondissement, qui sont plus proches des citoyens. Ce sont des échelons institutionnels intéressants.
Une anecdote à nous raconter sur ce début de campagne électorale ?
Je pense au meeting de lancement de campagne à La Bellevilloise. C’est la première fois que je vois, dans le 20e, des gens faire la queue sur le trottoir pour un meeting politique. On n’a pas pu faire rentrer tout le monde.
L’initiative citoyenne repérée dans le 20e et qui gagnerait à être connue ?
Il y en a tellement ! Je vais vous citer La Source, un projet de supermarché coopératif qui va ouvrir en 2020, mais aussi Envie, rue Julien Lacroix, un projet de recyclage d’électroménager ouvert aux habitants. Sans oublier un projet de plantation de vignes, dans le quartier de la Réunion qui s’appelle le 20e viticole, ou encore Extramuros, un atelier de menuiserie participatif ou le restaurant-traiteur CIP20, ouvert par des femmes, rue de Tourtille.
Des loisirs ou des hobbys pour se détendre après une rude journée politique ?
Mes journées politiques se terminent souvent assez tard. J’aime beaucoup marcher, cela permet de revenir au calme. J’aime aller au cinéma, mais aussi cuisiner, ce qui donne parfois des choses assez rigolotes. Sans oublier de passer du temps en famille, avec mes enfants.
L’objectif affiché pour ces municipales ? Vous diriez que le pari est réussi si… ?
Si l’écologie est au coeur de la politique menée à Paris. Nous sommes dans la décennie où doit se prendre la décision de l’écologie. On est la dernière génération à pouvoir agir, après il sera trop tard. La bonne nouvelle, c’est qu’il est encore temps. Nous nous présentons pour gagner. Je fais cette campagne pour être maire du 20e arrondissement.
En vue d’un second tour, avec qui pourriez-vous vous allier ?
La question est à la fois intéressante et compliquée aujourd’hui. Il y a un tel morcellement de l’offre politique. Ce que je souhaite, c’est que les écologistes arrivent en tête. Les alliances se feront autour de notre projet et de nos valeurs centrales : l’écologie et la solidarité.
Votre première mesure en tant que maire du 20e ?
La première mesure est pour moi symbolique, et me tient particulièrement à coeur. Pour chaque naissance dans le 20e, on plantera un arbre. C’est à la fois écologique et poétique.
Crédit photo : Pauline Pellissier