Habitant du 20e arrondissement depuis maintenant 35 ans, Benny Malapa signe un premier roman chez Fayard, qui raconte l’histoire de ses parents. Un couple composé d’un métis camerounais-allemand et d’une juive polonaise, qui s’est formé dans le 20e arrondissement de Paris en 1936.
L’auteur y retrace le destin croisé et peu ordinaire de ses parents : Paul, métis germano-camerounais né en Allemagne en 1914 et Suzanne, juive polonaise née en Pologne en 1918. Elle vit à Varsovie, lui à Hambourg, mais comme des centaines de milliers de femmes et d’hommes à cette époque, chacun doit prendre le chemin de l’exil. C’est en 1936, dans le Paris du Front Populaire, au cœur du 20e arrondissement que Suzanne et Paul se croisent. La rencontre a lieu rue Charles Friedel, dans la maison où la famille de Suzanne habite.
Paul est boxeur, Suzanne bosse avec son père. En 1942, ils se marient à la mairie du 20e arrondissement, alors que la capitale est occupée par l’armée allemande et que le drapeau nazi flotte sur l’Hôtel Crillon. Ensuite, ils doivent fuir et, pour rester ensemble, défier toutes les frontières de la couleur, de la langue et de la foi.
Le titre, provocant et poétique de ce roman trouve son explication dans un incident arrivé à l’auteur, leur fils. Alors qu’il était à Jérusalem, la mère d’un ami, sans doute perturbée par le contraste entre son aspect physique de métis bien basané et le fait qu’il s’adresse à elle en yiddish, avait lancé à son fils : « Un nègre qui parle yiddish ! » Ces mots, conçus une insulte, avaient été, au contraire, reçus, par Benny, comme un compliment dont il a fait l’emblème de ses origines multiples et, in fine, le titre de son livre.
A travers les voix mêlées de ses parents Benny Malapa racontent leur épopée jalonnée de rencontres improbables, mais aussi le 20e siècle, l’Europe des exilés, des oubliés, des résistants de l’ombre, de l’héroïsme au quotidien, de l’Afrique des peuples colonisés, qui après avoir participé à la libération de la France pensaient que leur tour d’être libres était venu. C’est un cri d’amour pour ses parents et pour tous ceux qui ne rentrent dans aucune case. Il y explore la mémoire, la transmission et la fierté d’être multiple dans un monde obsédé par les origines.
Benny Malapa lui-même incarne cette pluralité. Avant d’être romancier, il a été réalisateur, producteur et figure pionnière du hip-hop français. On lui doit notamment la production de la compilation culte Rapattitude, qui révéla les premières voix du rap hexagonal. Artiste touche-à-tout, il mêle cinéma, musique et littérature. Benny Malapa est revenu vivre dans le 20e arrondissement, il y a 35 ans. Il s’est marié, il y a 23 ans, dans la même salle de la mairie que ses parents. Ses enfants ainsi que mes petits-enfants y ont été élevés et y vivent également.



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