La rencontre. A la tête de la liste “Aimer Paris”, portée par Serge Federbusch et soutenue par le Rassemblement national, Aurélien Legrand nous a donné rendez-vous au Café Gambetta, sur la place du même nom. Il est accompagné, ce jeudi 12 mars, par son troisième de liste, Fernando Gonçalves, avec qui il a prévu d’aller tracter juste après.
Mon Petit 20e : Pouvez-vous vous présenter et nous résumer votre parcours ?
Aurélien Legrand : Je suis conseiller régional d’Ile-de-France et vice-président du groupe Rassemblement National (RN) au Conseil régional et délégué départemental RN pour la ville de Paris. De profession, je suis professeur d’Histoire, même si dans ma jeunesse, j’ai été ouvrier dans le bâtiment. Je suis originaire du nord de la France et je vis à Paris depuis maintenant 17 ans. J’ai commencé la politique à la fin des années 2000, à l’extrême gauche, à la LCR qui est devenu ensuite le NPA, dont j’ai été l’un des membres fondateurs. J’ai ensuite quitté le parti en 2010, je suis resté un moment sans faire de politique, avant de militer fin 2014, début 2015, au Rassemblement national.
Depuis quand vivez-vous dans le 20e ? Dans quel quartier précisément ?
Je n’habite pas le 20e arrondissement, mais le 13e arrondissement, car j’ai toujours vécu dans le même appartement et que je n’aurais pas les moyens aujourd’hui de déménager, d’avoir un appartement ailleurs dans Paris.
Comment définiriez-vous le 20e pour des personnes qui n’y habitent pas ?
C’est un arrondissement très intéressant, qui regroupe beaucoup de problématiques que l’on peut retrouver à Paris. Cela reste un arrondissement populaire, dans le sens le plus beau du terme. Dans le sens, où il y a des quartiers qui restent vivants, qui ont gardé l’âme du Paris d’autrefois. Ce Paris qui nous ait cher et que l’on a vu disparaître au fur et à mesure. C’est un arrondissement où il y a une vraie mixité sociale, qu’il faut continuer à entretenir au maximum. Pour cela, il faut se battre contre les mesures de la mairie de Paris, qui crée des ghettos de bobo et des ghettos de gens plus modestes, plus pauvres, voire d’immigration.
Vos adresses fétiches dans le 20e ?
Celle-ci, Le Gambetta, c’est là qu’on se retrouve tous les jours pour faire la campagne. J’aime aussi beaucoup les hauteurs de Belleville, avec cette vue magnifique sur tout Paris. Malheureusement, à certains moments, quand on avance dans la journée, il y a des problèmes d’insécurité. Le soir, on en parle même pas. C’est vraiment dommage. C’est aussi un des moteurs de l’engagement pour le 20e arrondissement : ces problèmes d’insécurité qui interdisent aux gens de profiter pleinement des merveilles qu’on peut y trouver. On a un des plus beaux panoramas de Paris, qui pourrait valoir largement Montmartre, et qui est complètement sous-exploité.
Quels sont selon vous les trois combats prioritaires dans le 20e ?
Ce sont les mêmes pour tout Paris malheureusement : l’insécurité, la propreté et le logement. Pour contrer l’insécurité, on propose d’associer les citoyens aux actions de la police municipale, – une vraie police municipale armée – , à laquelle serait associée des comités de quartiers. Car les habitants savent très bien qui sont les fauteurs de troubles et où ont lieu les problèmes. Au niveau de la propreté, il faut fidéliser les équipes de nettoyage des rues et qu’ils aient un accès prioritaire au logement social dans les quartiers dont ils ont la responsabilité. Mais aussi lutter contre un certain absentéisme, que l’on peut trouver un peu partout, comme le montre un rapport de la cours des Comptes. Pour le logement, c’est une politique de baisse du coût du logement dans tout Paris, avec un droit à l’accès à la propriété pour les locataires de logements sociaux. Ce qui aurait une action à la baisse sur les prix de l’immobilier. Et puis arrêter la politique de préemption de la mairie de Paris, pour faire du logement à tout prix n’importe où, au détriment des logements existants qui sont dans un état absolument lamentable.
Qu’est-ce qu’il manque aujourd’hui dans le 20e ?
D’un point de vue général, il manque de la sérénité. D’un point de vue plus matériel, il manque des commerçants et des artisans, chassés de Paris par les prix de l’immobilier.
Les pouvoirs d’un maire d’arrondissement suffisent-ils réellement pour peser sur la vie des habitants ?
Aujourd’hui non, on a besoin d’une déconcentration des pouvoirs vers les mairies d’arrondissement, qui ne peuvent pas toujours agir à la hauteur de ce qu’elle devrait, en matière de sécurité et de propreté. La philosophie de notre politique, c’est de mettre le pouvoir au plus près des citoyens, qui sont les premiers concernés.
Une anecdote à nous raconter sur ce début de campagne électorale ? Certains ont un problème avec la démocratie dans le 20e arrondissement. Nos affiches sur les panneaux électoraux officiels sont déchirées immédiatement après notre passage. Cela fait mal au coeur. L’extrême-gauche a parfois un problème avec l’expérience démocratique.
L’initiative citoyenne repérée dans le 20e et qui gagnerait à être connue ?
Ces habitants de la rue des Haies qui se sont mobilisés pour lutter contre l’occupation de leur rue par le trafic. C’est une initiative qui correspond tout à fait à notre vision de l’investissement citoyen pour la sécurité de tous. C’est très malheureux qu’ils en soient arrivés là, mais c’est quelque chose que nous voulons généraliser, pour que cela n’ait plus à se reproduire.
Des loisirs ou des hobbys pour se détendre après une rude journée politique ?
Je suis un grand consommateur de cinéma, j’aime y aller dès que je peux. J’ai été voir le dernier Clint Eastwood, Le cas Richard Jewell, un film très sympathique. J’aime aussi beaucoup les séries historiques. Récemment, j’ai rattrapé mon retard sur Versailles. Enfin, j’aime beaucoup flâner dans Paris, notamment sur les quais de Seine, je trouve cela très reposant.
L’objectif affiché pour ces municipales ? Vous diriez que le pari est réussi si… ?
Si nos listes ont des élus et que notre courant de pensée politique, qui est quand même très majoritaire dans le pays, peut être démocratiquement représenté à Paris.
En vue d’un second tour, avec qui pourriez-vous vous allier ?
Pour l’instant, la question ne se pose pas, puisque l’offre politique de nos concurrents ne correspond pas vraiment à nos volontés. Surtout depuis que Rachida Dati envisage de faire quasiment campagne commune avec Agnès Buzyn et les représentants d’Emmanuel Macron.
Votre première mesure en tant que maire du 20e ?
Réorganiser les services de la propreté, autant qu’on pourra le faire, et rencontrer les habitants sur les questions de sécurité.
Crédit photo : Pauline Pellissier