A quelques semaines des élections municipales, Mon Petit 20e donne la parole aux candidats têtes de liste dans l’arrondissement. Objectif : en apprendre plus sur eux et sur le projet qu’ils défendent.

La rencontre. Elle a lieu un mercredi après-midi à la toute fin janvier, alors que Benjamin Griveaux est encore candidat à la mairie de Paris (il a depuis été remplacé par l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn). Très en retard, retenue par ses obligations de maire, Frédérique Calandra, tête de liste “Ensemble pour Paris”, est accompagnée de son staff de campagne. L’entretien a lieu au Floréal Belleville, (43 rue des Couronnes), charmant café à la façade Art nouveau turquoise.

Mon Petit 20e : Pouvez-vous vous présenter et nous résumer votre parcours ?
Frédérique Calandra : Je suis une maman solo de 57 ans et maire d’arrondissement depuis 2008. J’ai commencé ma vie militante à 17 ans, pour les socialistes, et comme j’ai assisté avec tristesse et désespoir à l’implosion de la gauche réformiste, et que j’ai constaté l’impuissance de la majorité d’Anne Hidalgo, j’ai quitté cette majorité pour soutenir la candidature de Benjamin Griveaux. Je n’ai pas ma carte “En marche”, je suis indépendante. Si je suis candidate à un nouveau mandat, – ce troisième sera un maximum -,  c’est que j’ai un sentiment d’inachevé. Il y a des choses que j’ai envie de finir, notamment la rénovation des Portes de Bagnolet, Montreuil, Vincennes, mais aussi plus de pistes cyclables, de jardins sur la Petite Ceinture, ou encore une grande ferme urbaine, entre le boulevard Davout, le Jardin de la gare de Charonne et la Petite Ceinture. J’adore ce que je fais, car j’aime les gens, leur parler, les rencontrer. J’aime monter des projets, transformer la ville, la rendre plus aimable, plus verte, plus propre, plus sûre, plus jolie.

Depuis quand vivez-vous dans le 20e ? Dans quel quartier précisément ?
Je suis arrivée dans le 20e fin 1994. J’ai vécu 14 ans avenue Taillade, une petite impasse qui donne sur la rue Frédérick Lemaître, sur les hauts de Belleville. Depuis 2009, j’habite avenue Gambetta près de la mairie.

Comment définiriez-vous le 20e pour des personnes qui n’y habitent pas ?
C’est une assemblée de villages. L’arrondissement a gardé la forte identité des trois villages qui le constitue : Ménilmontant, Charonne et Belleville. C’est l’un des rares endroits de Paris, où l’on sent qu’il y a eu des petits centres-villes commerçants autour des églises. On le voit encore, malgré toutes les destructions et constructions des années 60, 70, 80, jusqu’aux années 2000, avec un urbanisme totalement sans queue ni tête. C’est aussi un arrondissement très marqué par l’histoire de la Commune, où se tenaient les dernières barricades. Ici, c’était les zonards, les pauvres, les chiffonniers, qui étaient rejetés de Paris la belle, l’Haussmannienne, la brillante. Cela se voit dans le parcellaire : ils vivaient dans des petites échoppes d’artisans, dans des petites cours très longues. C’est pour ça que ça a été facile pour les promoteurs de détruire. 

Vos adresses fétiches dans le 20e ?
J’aime beaucoup le Floréal Belleville, la façon dont il a été gardé dans son jus. J’aime bien qu’un endroit aussi précieux, peut-être un peu “bobo”, soit au pied de tours de logement social. J’apprécie ce mélange. Parmi les lieux qui viennent d’ouvrir, je dirais Hubris, un bar à vin de la rue du Borrégo. Sinon je vais souvent au Chantefable, à côté de la mairie, Chez Papa où le patron est génial, ou encore au Comptoir (rue Villiers de l’Isle Adam). 

Quels sont, selon vous, les trois combats prioritaires dans le 20e ?
En premier, la réorganisation des responsabilités en matière de propreté, il faut donner ce pouvoir aux maires d’arrondissement. En second, la création d’une police municipale armée, capable de se défendre. Depuis les attentats, on sait que les policiers sont devenus des cibles. On a besoin d’une police de proximité, car on n’y arrive plus avec uniquement la police nationale. Enfin, il faut accélérer la transition écologique, mais de façon beaucoup plus spectaculaire que ce qu’on a fait jusqu’ici. Il faut faire évoluer les techniques de construction et de réhabilitation, mettre fin au béton qui utilise trop de sable et d’eau, privilégier les filières sèches, lutter contre la déperdition énergétique, développer l’offre de transport en commun, développer plus de pistes pistes cyclables protégées, et désartificialiser massivement les sols là où l’on peut. 

Qu’est ce qu’il manque aujourd’hui dans le 20e ?
Il nous manque un grand espace vert, facilement accessible, mais aussi des transports en commun. Et il faudrait que l’on travaille aussi sur les livraisons en ville qui sont extrêmement polluantes, avec l’explosion des commandes sur Internet. J’aimerais créer une grande cité du recyclage, adossée aux puces de la Porte de Montreuil.

Les pouvoirs d’un maire d’arrondissement suffisent-ils réellement pour peser sur la vie des habitants ?
Aujourd’hui non. Il faut un nouveau partage avec la mairie centrale. C’est la source de beaucoup de frustrations d’habitants et de maires d’arrondissement. On se fait engueuler pour des choses, qui ne sont pas dans nos compétences, la propreté, la sécurité, la voirie par exemple. Certes, on travaille avec les services, on a des réunions très régulières, mais il m’est arrivé dans plusieurs dossiers que l’Hôtel de ville n’accède pas à mes demandes, ou fasse l’inverse de ce que j’ai demandé. Par exemple la place Gambetta, où le plan livré n’est pas celui que j’avais approuvé, et le boulevard de Belleville, où j’avais demandé l’aménagement d’un couloir de bus élargi aux cyclistes.

Une anecdote à nous raconter sur ce début de campagne électorale ?
Je me suis occupée d’une cité dangereuse du 20e, où il y avait un très important trafic de drogue – je ne dis pas que c’est totalement fini – et on a réussi à force de patience, de vidéosurveillance, d’aide aux devoirs et d’aménagements, à changer l’ambiance de la cité. Au début de la campagne, j’y suis allée et il y a trois dames qui sont venues me dire qu’on a changé leurs vies. Un maire quand il se lève le matin, c’est pour ça.

L’initiative citoyenne repérée dans le 20e et qui gagnerait à être connue ?
C’est dans le 20e qu’à été inventé la végétalisation des pieds d’arbres, qui étaient des crottoirs à chien. Un jour, on s’est rendu compte qu’une petite dame y avait planté de jolies fleurs, ce qui nous a donné l’idée de créer un “permis de végétaliser”. Aujourd’hui, de nombreux citoyens se proposent de végétaliser leurs rues.

Des loisirs ou des hobbys pour se détendre après une rude journée politique ?
Mon loisir, c’est de passer du temps avec mon fils de 11 ans. J’aime aussi les bonnes séries américaines, comme La Servante écarlate, qui m’a totalement époustouflée.

L’objectif affiché pour ces municipales ? Vous diriez que le pari est réussi si… ?
Si je suis réélue tout simplement. 

En vue d’un second tour, avec qui pourriez-vous vous allier ?
Je pourrais m’allier à tous les gens qui adhèrent à mon projet : des écologistes, des centristes, et même des socialistes, s’ils arrêtent d’être bêtes et de travailler avec les gauchos. Je dirais que je peux m’allier avec les gens de bonnes volontés qui veulent travailler pour le 20e arrondissement. Je ne suis pas fan des idéologies, elles ont fait suffisamment de dégâts sur la planète.

Votre première mesure en tant que maire du 20e ?
Ce sera la police municipale, ou comment créer un outil pour assurer la sécurité des habitants.

Crédit photo : Pauline Pellissier

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